Bonheur au travail : que faire pour rendre les salariés heureux ?

Michel, boucher-charcutier à Nemours, 10 salariés s’interroge sur le bonheur au travail.
« Moi, on ne m’a jamais demandé si j’étais heureux à mon travail et je travaille depuis l’âge de 14 ans. Aujourd’hui, ils veulent tous le bonheur partout, mais ce n’est pas vraiment mon problème, n’est-ce pas ? »
Rapport chiffré sur le bonheur au travail
Bore out, burn-out, risques psychosociaux, leurs points communs ? La santé au travail et le stress au travail. Il semble que la quête du bonheur au travail soit devenue pour l’entreprise, la solution miracle pour agir sur ce stress. En effet, avec la crise sanitaire, on assiste à une augmentation des formations, des webinaires, des ateliers autour du bonheur au travail. Le bonheur est alors considéré comme la clé indispensable pour allier succès de l’entreprise et bien-être au travail.
Mais, attention, cette quête du bonheur peut se transformer en véritable fiasco pour les entreprises. Combien d’entre elles ont mis en place des stratégies pour agir sur le bonheur au travail sans en parler à leurs équipes ? Combien organisent des actions ponctuelles pour réduire le stress et agir sur les risques psychosociaux à un instant donné ?
Faisons donc ici le point sur cette notion de bonheur au travail parfois mal comprise, avant de répondre à la question de Michel.
C’est quoi le bonheur au travail ?
Bonheur au travail : définition
Le bonheur est un état de satisfaction global, caractérisé par des moments de bien-être et de plénitude. Comme vous le savez, le travail tient une part importante dans notre vie. Pour une majorité de salariés, le travail est même considéré comme une source d’épanouissement. Les salariés qui se disent heureux au travail évoquent de bonnes relations avec leurs collègues, un environnement de travail ergonomique et une sécurite au travail optimale. Le bonheur au travail dépend du bien-être qu’on y ressent.
Parce qu’il apprécie son travail, un collaborateur heureux arrivera au bureau à l’heure, et parce qu’il est passionné par ce qu’il fait, il remplira tous ses objectifs. On peut également dire que le collaborateur travaille dans de bonnes conditions, fournit un travail de qualité et qu’il a une bonne organisation du travail.
Le bonheur au travail est cependant un ressenti subjectif et dépend des individus. Il est étroitement lié aux émotions que ressent le collaborateur vis-à-vis de son travail, et non à ce qu’il pense de son travail.
Les trois émotions positives qui constitue le bonheur au travail
Nic Marks, PDG de Happiness Works, distingue trois émotions positives qui constituent le bonheur au travail :
- Enthousiasme : un état d’esprit énergique qui aide les gens à être plus créatifs et à saisir les opportunités. L’enthousiasme permet aussi de mobiliser nos efforts et ceux des autres.
- Intérêt : il s’agit d’une « force de concentration » qui nous aide à nous impliquer dans des tâches parfois difficiles à court terme, mais qui offrent des avantages à moyen ou à long terme.
- Contentement : c’est le « rayonnement » qu’on ressent après avoir réalisé quelque chose. Le contentement peut nous motiver à prendre les mesures nécessaires pour reproduire le même type de succès.
Statistiques : les attentes des salariés en matière de bonheur au travail
Vous avez raison, les attentes des salariés ont beaucoup changé au cours des 15 dernières années.
Les Français, heureux au travail ?
Selon une enquête de la Fabrique Spinoza datant de 2017, un salarié sur deux est stressé au travail ou est en souffrance au travail. Concrètement, cela se matérialise par des problèmes psycho-sociaux, des arrêts maladie à répétition, Tms, des cas de burn-out, enfin bref des risques professionnels. Le tableau semble bien noir, mais saviez-vous qu’en France, les salariés sont globalement heureux au travail ?
En effet, plus de 70 % des salariés sont satisfaits de leur travail, de leur condition de travail et de leur environnement de travail. La raison ? Ces dernières années, les entreprises ont pris conscience de la nécessité d’améliorer les conditions de travail en demandant directement aux collaborateurs leurs besoins.
Le bonheur au travail après Covid-19
Les chiffres qui illustrent le bonheur au travail après la crise sanitaire sont assez intéressants. Les périodes de confinement et de télétravail forcé ont montré l’importance du lien social, du dialogue social et de la relation entre collègues pour les collaborateurs. En effet, 40 % d’entre eux considèrent ces éléments comme source de bonheur au travail et de satisfaction au travail.
Parmi les principales composantes du bonheur au travail, les répondants placent en priorité : (Robert Half, 2016)
- Être traité équitablement et avec respect (50,5%)
- Le sentiment d’accomplissement (49,2%)
- La fierté d’appartenir à l’entreprise (48,6%)
- L’intérêt du poste (46,1%)
L’isolement subi durant la crise sanitaire a également augmenté de façon significative le stress en entreprise, la pénibilité au travail, tout en offrant aux collaborateurs une nouvelle façon de travailler. 30 % des actifs estiment qu’ils vivent actuellement le meilleur moment de leur vie professionnelle, parce la période actuelle voit fleurir de nouvelles opportunités.
Les salariés ont adapté leur attitude à celles des entreprises qui les emploient ou, pour les plus jeunes, des entreprises qui employaient leurs parents
Le contrat de confiance et de loyauté qui existait jusque dans les années 80 permettait à beaucoup de considérer que l’emploi à vie était la norme. L’entreprise était alors loyale avec son salarié, puisqu’elle lui garantissait une pérennité et une visibilité sur son activité et les revenus qui en découlaient. Chacun pouvait ainsi se projeter dans sa vie. Loyer, emprunts, études des enfants, tout cela se programmait et se déroulait selon les plans.
Puis est venue la crise économique, qui est finalement permanente depuis les années 80. Elle a fait voler tout cela en éclat. Et parfois, dans certaines entreprises, avec pertes et fracas, et des abus qui ont terni l’image de l’entreprise.
La pandémie a bouleversé le monde du travail, en appuyant sur le bouton d’avance rapide sur plusieurs tendances en milieu de travail. Il est maintenant plus important que jamais pour les entreprises de garder leurs employés heureux et productifs.
La gestion d’une entreprise prospère
Le bonheur des employés est l’un des facteurs les plus importants dans la gestion d’une entreprise prospère et rentable. Les employés heureux et engagés ont tendance à manquer moins de travail, à mieux performer et à soutenir l’innovation de l’entreprise. Lorsque les employés sont heureux, loyaux et engagés, les bénéfices de l’entreprise sont beaucoup plus élevés et le roulement est beaucoup plus faible.
Cependant, lorsque les employés se sentent mécontents et démotivés, la productivité baisse, le chiffre d’affaires augmente et l’entreprise en souffre. Le remplacement d’un employé peut coûter jusqu’à 33 % de son salaire annuel. En fait, les employés mécontents coûtent aux entreprises américaines jusqu’à 550 milliards de dollars par an.
Il peut être difficile de comprendre exactement comment garder les employés heureux dans l’environnement économique actuel. De plus, des facteurs externes peuvent avoir un impact sur le bonheur des employés, et ceux-ci sont souvent hors de votre contrôle.
Alors, comment pouvez-vous bâtir une main-d’œuvre heureuse et productive? Et pourquoi est-ce important ? Continuer à lire!
Pourquoi mettre en place une politique bonheur au travail ?
Engagement et bonheur au travail
Alors progressivement, la loyauté envers l’entreprise est devenue discutable, pas automatique en tout cas. Pourquoi être loyal envers une entreprise quand on sait que la réciproque n’est pas vraie et que la logique financière prend souvent le dessus ?
Et si je ne m’inscris plus dans la durée, pourquoi accepter de ne pas être heureux au sein de mon entreprise, puisque je n’y suis que de passage ?
- Pourquoi accepter des contraintes que je juge inacceptables si, de toute façon, je ne sais pas vraiment où je serai dans 12 mois ?
- Pourquoi donner la priorité au travail, puisque celui-ci ne me donnera pas la priorité ?
Bien sûr, Michel, vous pourriez me répondre que vous n’êtes pas concerné par ces comportements de patrons voyous et j’en suis bien convaincue. Mais parfois, le comportement de certains entache la réputation de tous. Et je crois bien que c’est ce qu’il s’est passé ici.
Alors c’est vrai, à vous, on ne vous a jamais demandé si vous étiez heureux, très certainement, mais on a dû vous offrir une stabilité professionnelle, importante pour l’épanouissement de chacun.
Bonheur au travail, un levier pour la marque employeur
Si vous voulez attirer les meilleurs, si vous voulez les garder, sans avoir à les surpayer, alors oui, c’est aussi votre problème.
Mais je n’ai toujours pas répondu à votre question sous-jacente, ou en tout cas à celle que j’entends : et alors, je fais quoi, moi Michel, pour mes 10 salariés ?
Si je vous ai convaincu que le bien-être au travail de vos salariés est important, parce que cela les fidélise, sur un secteur où il me semble qu’il y a une certaine tension salariale, alors vous pourriez essayer quelque chose d’assez simple.
Problématique du bonheur au travail pour les entreprises
Pour profiter des enseignements de la crise sanitaire et agir sur le bonheur au travail, il y a besoin de redonner du sens au travail pour les salariés et de les placer au centre des préoccupations de l’entreprise. En d’autres termes, il faut réinventer les façons de travailler et remettre l’humain au cœur des enjeux stratégiques pour améliorer globalement la qualité de vie au travail. Ne faites pas comme si la crise sanitaire et les confinements successifs n’avaient pas existé. Il faut absolument en tirer les leçons, qu’elles soient positives ou négatives.
Comme nous l’avons vu, l’entreprise peut agir sur l’environnement de travail et le management pour cultiver une culture du bien-être. Ce n’est qu’en réfléchissant à des actions pour concilier performance, bonheur et bien-être que nous pouvons améliorer l’épanouissement des salariés au travail et le ressenti des salariés. Pour répondre à ces enjeux, beaucoup d’entreprises ont recruté un Chief Happiness Officer (CHO).
Selon le baromètre Lavazza et Ifop de 2019, intitulé “Bonheur et bien-être au travail, qu’en pensent les cadres français”, 79 % des cadres pensent que le chief happiness officer a un impact sur la productivité des salariés. Des salariés épanouis améliorent significativement la rentabilité de leur entreprise. De 11 % en moyenne !
Comment améliorer le bonheur au travail ?
Les indicateurs utilisés par le CHO
Les CHO permettent de créer de l’engagement et favorise donc la productivité des collaborateurs. Ils placent les salariés au cœur des actions qu’ils mettent en place. Ils améliorent ainsi la reconnaissance de l’entreprise et des salariés, qui ne font pas partie du CODIR.
Pour avoir un impact positif sur l’environnement de travail, l’esprit d’équipe et la culture d’entreprise, les CHO mettent en place une véritable stratégie.
Ils commencent leur travail par un audit. Certains indicateurs, comme le taux d’absentéisme et le turnover permettent de mesurer le mal-être au sein d’une entreprise. Fort de cette connaissance, le CHO peut ensuite identifier des actions et des solutions pour l’amélioration des conditions de travail.
La réponse de Magaly Siméon
Des idées d’actions bonheur au travail à mettre en place
Vous pourriez leur demander s’ils sont contents.
La méthode la plus simple et la plus factuelle peut être d’utiliser les outils de type Net Promoter Score. Rassurez-vous, c’est moins compliqué qu’il n’y paraît.
Vous pourriez régulièrement demander à vos salariés s’ils recommanderaient à leurs amis de venir travailler dans votre entreprise. La réponse vous dira s’ils se sentent bien chez vous.
Ensuite, s’il y a une marge de progression, demandez-leur ce qui pourrait améliorer leur taux de recommandation. Vous verrez émerger les actions qui contribueront à améliorer la qualité de vie dans votre entreprise. Et vous déciderez de ce que vous mettrez en place, ou pas. In fine, c’est vous le patron, Michel 🙂
Les leviers actuels à prioriser pour les conditions de travail
Avec la crise du covid-19, il semble plus difficile d’agir et d’identifier des solutions efficaces et globales pour améliorer le bonheur au travail et la qualité de vie.
Créez de la confiance
Ce qui rend les employés heureux au travail nécessite quelque chose de bien moins tangible que l’argent : la confiance. La confiance dans le lieu de travail rend le personnel plus productif, enthousiaste et innovant au travail. Commencez par être ouvert et honnête avec votre équipe, en les écoutant vraiment et en travaillant à l’établissement de relations avec des sorties amusantes et des séances de remue-méninges collaboratives.
Réduisez le stress
Au fur et à mesure que vous apprenez à garder les employés heureux, prenez toutes les mesures possibles pour minimiser le stress au travail afin que les employés puissent faire leur travail efficacement et sans épuisement. Favorisez l’équilibre travail-vie personnelle, encouragez les jours de vacances, créez un environnement collaboratif, donnez une orientation claire et donnez à votre équipe les outils dont elle a besoin pour bien faire son travail. Les employés stressés ne sont pas des employés productifs.
Autorisez des horaires de travail flexibles
Au fur et à mesure que vous apprenez à garder les employés heureux, prenez toutes les mesures possibles pour minimiser le stress au travail afin que les employés puissent faire leur travail efficacement et sans épuisement. Favorisez l’équilibre travail-vie personnelle, encouragez les jours de vacances, créez un environnement collaboratif, donnez une orientation claire et donnez à votre équipe les outils dont elle a besoin pour bien faire son travail. Les employés stressés ne sont pas des employés productifs.
Écoutez vos employés
Si vous voulez savoir comment garder vos employés heureux, vous devez d’abord les comprendre. Il est important d’écouter les employés et de leur demander leur avis. Les managers et leur comportement peuvent faire une grande différence dans la façon dont les employés perçoivent leur travail. Impliquez vos employés dans le processus de prise de décision dès le début, surtout si la décision les impacte. Ces gestes indiqueront à votre personnel que vous appréciez leur contribution et leurs opinions, et ils se sentiront entendus .
Reconnaissez les employés pour leur travail acharné
Dire « merci » peut aller très loin. Les managers ne se rendent peut-être pas toujours compte que la reconnaissance du travail acharné ou des réalisations d’un employé ne doit pas nécessairement être un grand geste. Mais grand ou petit, la reconnaissance des employés pour leurs compétences en vente ou la réussite d’un projet important joue un rôle important dans la façon dont les employés perçoivent leur lieu de travail et ce qu’ils pensent de leur travail.
Encouragez les pauses
Il est important de travailler dur, bien sûr, mais les managers doivent veiller à ne pas surmener leurs employés sans s’en rendre compte. Au lieu d’encourager les gens à s’attacher et à travailler davantage, essayez d’encourager vos employés à s’éloigner de leur bureau et à faire une pause. Cela peut sembler plus facile à dire qu’à faire, car de nombreux employés sont conscients que les gestionnaires apprécient le temps passé sur leur chaise de bureau comme la mesure d’un travail bien fait.
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